L'innovation et la concurrence figurent toujours à l’avant-plan de mes discussions avec mes clients potentiels et existants, en particulier comment les utiliser ensemble pour faire prospérer une société ou une organisation.
Je pensais que le moteur de l'innovation était l'expérimentation par essais et erreurs, mais mon opinion à ce sujet a évolué. L'expérimentation représente comment l'innovation a lieu, mais c'est la concurrence qui se trouve dans le siège du conducteur. Autrement dit, c’est le désir d’inventer et de remanier qui pousse les gens à innover, pas le mécanisme de l'expérimentation.
J'aime l'histoire, et quelques exemples historiques permettront d’illustrer mon point de vue. La Renaissance italienne est basée sur la découverte et la propagation d’idées et d’écrits de l'Antiquité classique. Mais qu’est-ce qui a conduit les gens à rechercher, traduire et diffuser d’anciens ouvrages écrits par des philosophes, des scientifiques, des architectes et des dramaturges? C'est la concurrence entre les cités-États italiennes qui parrainaient les penseurs, les chercheurs, les créateurs et les innovateurs. Les Médicis de Florence étaient probablement les plus actifs à cet égard. C'est leur arrogance, leur égoïsme et leur soif de puissance qui les ont poussés à encourager et à faire travailler les artistes et les intellectuels humanistes. C'est cette apparition de rivalité et de fierté civique qui a conduit à l'épanouissement des arts et de la philosophie qui ont créé Leonard de Vinci et Michel-Ange. Soit dit en passant, ces deux artistes rivalisaient sans cesse en termes de commandes et de renommée.
Les idéaux humanistes et la pensée de la Renaissance n’auraient pas pu se répandre en Europe du Nord sans l'impulsion de la Réforme protestante. C'est sa colère face aux abus de l'Église catholique qui a conduit Martin Luther à mener les premières réformes religieuses. Mais elles ne se seraient probablement pas produites sans la fragmentation politique et économique qui régnait alors dans le Saint Empire Romain germanique. Les potentats locaux désiraient se libérer de l'autorité papale et impériale, et cela a généré une concurrence religieuse et politique. Ce qui a créé, à son tour, un marché d’idées et d’écrits.
À la fin du XVIe siècle et durant presque tout le XVIIe siècle, les provinces hollandaises calvinistes attirèrent les penseurs désireux de travailler et de publier avec un minimum d’entrave de la part des autorités politiques et ecclésiastiques, protestantes ou catholiques. Ce n'est pas par hasard si les grands précurseurs de la science et de la pensée modernes, comme Descartes, Gassendi, Galilée, Hobbes et Locke, choisirent de s'installer en Hollande ou d’y publier leurs œuvres. Oui, il y avait des guerres, des révoltes et d’autres formes de lutte sociale dans toute l'Europe. Des millions de personnes sont mortes pour défendre des idées sur la liberté et la justice, ou par simple orgueil démesuré. Mais c'est cet état de confusion et d’intense rivalité qui a alimenté la Renaissance, la Réforme et la Révolution scientifique.
Il existe de nombreux autres exemples d'innovation et de créativité qui s’appuient sur la concurrence et l'orgueil. Ainsi, Darwin formula l'essentiel de sa théorie sur la sélection et l’évolution naturelles une vingtaine d'années environ avant de se décider à la publier. C'est quand il a appris qu’Alfred Russell Wallace s'apprêtait à le devancer qu'il s’empressa de porter L'origine des espèces chez l’éditeur. Darwin craignait de bouleverser les idées établies et de se faire des ennemis. C'est la menace de voir quelqu'un d'autre obtenir tout le mérite qui l'emporta sur sa peur de faire des vagues. Et il créa un tsunami.
Je cite ces exemples parce que nous nous sentons parfois obligés de « jouer en équipe » et de ne pas faire de vagues. Nous ne voulons pas perturber la perception des bons sentiments au sein d'une organisation ou d’une entreprise. Toutefois, comme nous le voyons dans l'histoire, c'est la compétitivité motivée par l’égo qui suscite l'innovation. Les créateurs, les penseurs, les inventeurs et les artistes de toutes sortes veulent être reconnus et obtenir le crédit et la gloire associés à leurs produits et à leurs idées.
Les économies de libre marché soumises à un minimum de réglementation et d’interférences sont propices à la croissance, à la créativité, à l’innovation et au développement. Le gouvernement précédent de la Province de Québec avait créé un programme pour choisir des « gazelles » économiques qui bénéficieraient du soutien de l'État. Heureusement, l'actuel gouvernement libéral rejeta cette idée dès qu'il prit le pouvoir et le projet avorta. Comment pouvez-vous choisir quelles entreprises et quelles idées fonctionneront sur le plan économique? Vous ne le pouvez pas. C'est la liberté de choix et la concurrence qui peuvent. L’échec de certaines entreprises est le prix de l'innovation et du développement économique. La protection ne fonctionne que pour quelques privilégiés apparemment bien installés, et même là qu’à court terme. Cela n'inclut pas seulement les « capitalistes, » mais aussi les guildes et les métiers protégés, et divers oligopoles commerciaux.
La menace d'Uber a fait plus en un an pour la concurrence et l'innovation dans l'industrie du taxi que tout ce qui s'est passé au cours des trois dernières décennies! Les compagnies de taxis qui se comportaient en nababs ont décidé de lancer des applications concurrentes, de s'ouvrir à une certaine forme de concurrence, peut-être même un service plus rapide, des taxis plus propres, des chauffeurs plus courtois et des frais régis par la demande. Qui sait ce qui peut se passer ensuite?
Moi, je place mon argent sur les taxis volants, comme ceux dans le film Le cinquième élément.