Nous avons tous entendu parler de ces fameuses générations X et Y, ou encore de ces enfants du « millénaire » (milléniaux). Les jeunes (disons, pour la cause, les travailleurs de moins de 35 ans) sont prétendument si différents de nous, les baby-boomeurs. Or, selon mon expérience et mes observations, il n’en est rien; les jeunes recherchent exactement les mêmes choses que les plus vieux.
Cela fait maintenant près de 10 ans que je pratique en tant que consultant, conférencier, formateur et coach. J’entends continuellement à quel point les jeunes travailleurs sont plus exigeants que nous, les plus vieux, l’étions. Ils veulent des vacances et n’aiment pas travailler la fin de semaine, les soirées, et durant les quarts de nuit. Ils recherchent les défis, les responsabilités et la stimulation intellectuelle. Ils veulent certes travailler, mais pas en sacrifiant leur vie personnelle ou familiale. Ils veulent œuvrer dans des entreprises et organisations socialement, politiquement et écologiquement responsables.
Ce qui me frappe le plus, c’est que les jeunes veulent et ont la chance de vivre tous les jours ce que leurs confrères baby-boomeurs ont lutté pour obtenir, soit l’équilibre entre, d’un côté, les objectifs commerciaux et sociaux des organisations dont ils sont membres ou employés, et de l’autre, entre la vie professionnelle et personnelle. En somme, les jeunes veulent exactement la même chose que les générations précédentes, mais sans les luttes sociales et politiques et sans avoir à passer à travers les mêmes difficultés ou obstacles qui ont ralenti les travailleurs plus vieux.
Les travailleurs qui ont maintenant entre 45 et 65 ans ont effectivement dû faire leurs classes et gravir les échelons. Ceux qui sont entrés dans le marché du travail entre 1975 et 1985 alors que le chômage faisait rage ont dû souvent se contenter de manger du pain sec et de boire de l’eau, alors que l’inflation était élevée et que les taux hypothécaires frôlaient les 20 pour cent. Par ailleurs, à cette époque on ne remettait pas autant en doute les directives. Les figures d’autorité imposaient le respect et la conformité. Lorsque j’étais à l’école primaire, personne ne m’a demandé si je voulais être servant de messe ou recevoir les sacrements catholiques. Les adultes tenaient cela pour acquis et il fallait marcher au pas ou subir les conséquences. C’est donc un peu frustrant pour les plus vieux de voir les jeunes travailleurs avoir littéralement l’embarras du choix quand vient le temps de se trouver un emploi et de pouvoir imposer leurs valeurs, ou du moins pouvoir les prendre en compte dans leur travail et leur carrière.
Le chômage dans certains secteurs et régions reste élevé, surtout pour les individus ne possédant pas les qualifications professionnelles recherchées de nos jours. Mais pour ceux qui sont qualifiés, les occasions ne manquent certes pas. On apprend même qu’il y a des secteurs carrément en pénurie de main-d’œuvre, actuelle ou imminente. Le maire de Québec annonce sur tous les toits que sa ville manque cruellement de candidats pour de nombreux postes. Les postes vacants sont abondants dans les métiers plus traditionnels, par exemple en plomberie, en électricité et d’autres. Des entreprises de camionnage font des annonces de recrutement à la radio, tout comme les centres de formation professionnelle.
Dans un pareil contexte, il n’est pas étonnant qu’un jeune travailleur qui n’a jamais connu la « sécurité » d’emploi ou qui n’a toujours pas de famille à faire vivre, d’hypothèque ou de fonds de pension soit plus mobile et en plus, très exigeant. Si le travail ne lui convient pas pour quelque raison que ce soit, il est facile d’aller voir ailleurs. L’insatisfaction avec un emploi peut venir de plusieurs facteurs, en commençant par les conditions de travail et la rémunération, mais une des raisons que j’entends le plus souvent de la bouche de ces mêmes jeunes c’est que le travail n’est pas suffisamment enrichi, que le patron ne sait pas planifier et diriger, qu’il y a des contradictions évidentes entre les valeurs annoncées des employeurs et la réalité sur le terrain. Je suis père de trois jeunes femmes et ils me racontent des histoires qui reflètent l’incompétence de certains dirigeants et superviseurs. Mes activités d’enseignement universitaire m’amènent à entendre le même refrain chez mes étudiants, surtout ceux du premier cycle.
En somme, que les complaintes viennent des jeunes, des vieux, ou de ceux entre les deux, elles traduisent toutes le même malaise et les mêmes sentiments. Je constate qu’il s’agit essentiellement d’un manque de leadership, de planification et de communication. J’ai appris en tant qu’officier militaire que l’art du commandement repose avant tout sur les compétences professionnelles du chef et de ses capacités de leadership. À cet égard, les dix principes de leadership militaire sont tout aussi applicables dans les milieux des affaires et de la gestion organisationnelle que dans les forces armées. Lisez ces principes, et vous constaterez immédiatement qu’ils sont applicables que l’on soit jeune ou moins jeune :
1. Développer sa compétence professionnelle.
2. Savoir évaluer ses forces et faiblesses et chercher à se perfectionner.
3. Rechercher et accepter les responsabilités.
4. Donner l’exemple aux autres, surtout aux subalternes.
5. S’assurer que vos suiveurs comprennent vos intentions et les diriger dans l’exécution de votre mandat.
6. Connaître ses suiveurs et promouvoir leur bien-être.
7. Développer le potentiel de chef de chacun de vos subalternes et suiveurs.
8. Prendre des décisions appropriées aux moments opportuns.
9. Bâtir la cohésion et l’efficacité de votre équipe et employer chacun au maximum de ses capacités.
10. Garder vos suiveurs au courant de la mission, des changements de situation et du portrait global.